La représentation. La photographie a été construite avec entre autres l’influence des photographies de Pierre Zucca, prises pour Pierre Klossowski dans La monnaie vivante, et elle est également une réponse aux photographies de Jean-Luc Moulène qui m’avaient frappé vers 2003 lors de son exposition au Jeu de Paume. La photographie de la jeune fille blonde sous l’épée, de Zucca, a été pour moi une révélation, tout à la fois artistique et érotique, dans les années 70. La monstration du Réel de Moulène montrait à la fois l’obscène, le désir obscène et l’absence de désir, la crudité devenant une cruauté ostensible concernant les prostituées photographiées, consentantes et semblant comme valorisées par la photographie, sortant de leur statut de femme-objet par cette monstration même. Mes photos avec grain des années soixante-dix, avec ma pellicule Kodak TriX 400 poussée à 800 ASA a donné le ton à mon travail photographique. Il s’agit pour moi de tenter cette forme de théâtralité érotique, qui reste en lien toujours avec les photographies d’Irina Ionesco dans son salon baroque (dénoncé ensuite par sa fille dans ses films et livres, Eva, petite fille alors mise à nu). La photographie vient dès lors pour moi réinterroger cet érotisme pervers très critiqué de Klossowski et Zucca (personnage trouble par ailleurs à ce qu’il paraît), ou la monstration sadique de Moulène, ou encore la perversité d’Irina Ionesco, pour la replacer dans mon propre domaine, c’est-à-dire cet éros représenté, sensualisé, dénué néanmoins des modalités perverses où le Sujet devient non seulement Objet, mais la réification destinée à le rendre Chose viendrait à l’anéantir. Il n’en reste pas moins, justement, une représentation.